Ma vie en odorama

J’ai renoué avec le bus. J’étais devenue un peu trop accro à l’offre du véhicule en libre-service, tellement que j’avais mis de côté le temps gratifié lorsque je prenais le bus. Parce que c’est un cadeau, que de prendre le bus. Un cadeau de temps. Pour soi. Pour flâner dans sa tête, bien à l’abri. De pouvoir tout simplement écouter la musique et se laisser bercer par les nids de poule montréalais, des freinages intenses de certains chauffeurs. Il y a certes plusieurs distractions, mais elles sont la bienvenues dans cette quasi béatitude qu’est l’observation de l’être humain. Dans toute sa splendeur. Ou sa laideur. Il y a des gens laids. Mais pas de leurs attraits physiques. Non. Ils sont laids de l’intérieur et souvent, on le voit qu’à un clin d’œil. Dans leurs yeux, rien ne ment. Absolument rien. Et on le ressent s’ils ont le malheur de venir s’asseoir près de nous ou s’ils prennent la ganse nous surplombant. Pour ma part, tous les poteaux sont plus hauts que moi, donc forcément, je me retrouve avec une aisselle au niveau de mes cavités nasales. Ce qui, en matinée, est relativement agréable, mais en fin de journée, est une toute autre histoire.

En fait, ce sont les odeurs que j’aime bien le matin. Outre mon éternelle habitude d’imaginer le faciès des gens qui m’entoure dans des postures post-coïtales (que j’ai beaucoup perdu en imagination, ces dernières années…soupir…), ce sont leurs odeurs qui m’interpellent. Cette semaine, j’ai eu un souvenir de chalet qui m’a prise (délicatement) de plein fouet.

Un petit monsieur, asiatique, a pris place à côté de moi et j’ai eu un effluve qui a chatouillé mes narines. Un mélange de pin, de feuilles mouillées, de terre humide et d’embruns. Typique des matins lorsqu’on se réveille, avec le bruit des oiseaux (jamais su quel était le nom de cet oiseau, typique à la forêt/campagne – tout ce qui n’est pas en ville. Quoique, souvent, lorsque je tends l’oreille, je l’entends, cet oiseau. Et lui aussi me rappelle les matins au chalet. N’importe lequel.

Sauf que ce matin-là, il me rappelait une escapade en Renault 5 blanche, avec mon copain du moment, dans le chalet de ses grands-parents (je crois). Le petit monsieur asiatique sentait mon chum, le chalet, pis notre escapade d’amoureux. J’trouvais ça beau. Surtout que la personne porteuse d’odeur n’avait aucun lien avec ce souvenir. C’aurait été un peu weird, mettons.

Souvent, lorsque je suis en bus/métro, j’ai l’odeur de ma mère. Souvent. Comme je ne rattache son odeur à aucun souvenir, mais plutôt à ‘’l’ensemble de son œuvre’’, cette odeur m’apaise. Lorsque l’odeur me rappelle à un événement, c’est différent, puisque je dois me ‘’forcer’’ à me souvenir des moindres petites choses qui ont fait que cette odeur s’est ancré à ma mémoire. On oublie souvent et lorsque l’on se souvient, on ne se souvient JAMAIS exactement. JAMAIS. Si on m’obstinait sur ce point, je ne dirais mot, puisque mon souvenir n’est pas le tiens. C’est un peu comme s’approprier un événement et en parler comme si on y était, mais qu’au final, on était pas présent. On aurait aimé être là, tellement que la personne qui vit ce moment nous interpelle dans sa description. Pour au final, que ce soit un beau ou un mauvais moment, on réussit à se l’approprier. Pis c’est ben correct.



J’aime les odeurs. Je crois que j’ai une meilleure mémoire olfactive que visuelle (remarque, elle est pas piquée des vers non plus, cette mémoire, mais bon…). Et souvent, les odeurs m’assaillent et me lovent en leurs essences, me recouvrant de souvenirs, bons ou mauvais. Et en fait, j’aime sentir. Point. Et lorsque j’ai besoin d’un remontant aléatoire, je renifle, je respire, je sens. Il vrai que j’aime particulièrement lorsque le tout m’arrive sans que j’ai demandé. C’est mieux. Si, à un moment donné, dans le bus, vous trouvez que votre compagne de voyage se penche un peu trop de votre côté, ce sera possiblement moi. Qui essaiera de sentir mes souvenirs sur le col de votre manteau.

#crazyodorlady
#jesuisinoffensive
#sentezlavievouslavivrezmieux
#faqueoui

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