Toute. Va. Ben. Aller.
Toute va ben aller, que tu te dis.
Que les horreurs que tu vois chaque jour, ben
elles existent pas.
En fait, t’espère qu’elles ne sont que le
fruit de ton imagination. De l’imagination collective. C’est ça. Collective.
Tu vis en société, dans un microcosme qu’on
appelle famille, qui te sers de cocon. Parce que le macro, ben, y’é chiant,
sanglant, méchant.
Y’a pas juste que du laid, tu t’en doute ben.
Ça t’as pas empêché d’emmener dans ce monde de
petites filles, qui deviennent grandes. Pis qui partiront.
Mais entre ce moment pis aujourd’hui, il te
faut les protéger. Tsé, le cocon. Pis au final, tu le fais bien, même si
souvent, t’as peur de leur naïveté (qui n’est là que lorsqu’elles le veulent
bien), de leur douceur (ça aussi, c’est quand elles sont bien, en-dedans) et qu’au
final, t’as juste peur.
Peur qu’au bout du compte, t’es auras pas
assez outillé pour sortir dehors, de se ‘’decoconner’’.
Parce qu’y’a trop de choses qui te tombent
dans face comme une tonne de briques après un tremblement de terre.
Parce qu’avec toutes les plusses belles
intentions du monde, tu sais que t’as aucun contrôle lorsqu’elles franchissent
la porte d’entrée. T’arrives déjà à pas en avoir, sur ces esprits en ébullition,
pleins de créativité de de combativité. Ou d’abnégation. Et d’égoïsme
involontaire.
Parce qu’elles ne pensent qu’à elles. A leur
monde. Celui du dehors. De savoir qu’elles pourront possiblement y apporter un
changement.
Mais même ça, tu y crois pus. Parce que même
si elles aiment leur dehors, elles n’y comprennent pas plus que toi.
Parce que tout l’monde s’engueule, tout le
temps. Se crie après. Se tire dessus, se juge, se dénigre, s’interdise. Se ‘’like’’
hypocritement, pour après se l’enfoncer dans le dos le plus profondément. Parce
que les relations, maintenant, ça n’existe pus, tout simplement. En fait, c’est
surtout la communication qui est coupée. Généralisée.
Parce que si t’as pas la religion, le look, la
nationalité, le sexe, l’argent, le cellulaire ou l’application du moment, t’es
mis de côté. Ou tout simplement lapidé. Ben oui, tant qu’ça toé ! Bon, j’exagère
pour la lapidation, tu l’es pour beaucoup moins que ça, on va pas se leurrer.
Pis tu continues, en te disant que toute va
ben aller.
Que demain matin, y’auras pas une bombe qui va
exploser dans le bus qui emmènent tes filles à l’école. Qu’il n’y aura pas un
intimidateur dont t’étais pas au courant qui va encore la rabaisser à un point
tel qu’elle voudra juste pus rien savoir pis va juste décider d’en terminer là. Que c'est juste assez.
Qu’elles seront des femmes exemplaires, dans
leurs convictions, bien dans leurs peaux et surtout dans leurs idées, surtout,
articulées et pas du tout dénigrées. Tsé, des femmes affirmées. En fait, surtout des humains remplis d'humanité.
Elles sont relativement chanceuses.
À ce qu’on dit.
Tsé, j’me répète. Beaucoup. J’pourrais l’écrire
de mille et une façon, ça changera pas c’que j’ai dans la tête. Pis c’pas parce
que ce sont des filles. J’aurais probablement la même réflexion si elles
avaient été de sexe masculin.
C’t’une journée où je ne vois que d'la merde
défiler. Pis le pire, c’est que c’est vraiment que ça que je vois, live,
aujourd’hui. 3 novembre 2016.
Vivre dans la peur. Non.
Maîtriser c’qu’on imagine, on peut essayer. Pis
vivre de leurs rêves. Leurs ambitions.
Tsé, j’ai confiance en elles. Du haut de leurs
11 pis 16 ans, j’les sais capables de grandes choses.
Faut juste que je réussisse à les convaincre.
Ce que je fais, chaque jour. Je prends ma peur
par les épaules, la tasse violemment (y’a pas d’autre moyen. T’essaiera de
foutre une douce volée à un sentiment qui s’agrippe en toi. Doux, c’est
impossible.) Pis j’leur donne tous les outils. Toute. L’amour, c’est beaucoup.
Mais c’est pas assez. Pis si tu trouves que j’parle pas assez d’elles, ben c’parce
qu’elles vont le faire par elles-mêmes. Un. Pas. À. La. Fois.
Dans le monde.
Ou ben elles vont y entrer avec fracas (tsé,
en courant). Monde, sérieux, tu t’en remettras pas. (Positivement là, tu l’avais
compris j’espère…).
Petite anecdote (qui fais que je comprends de
moins en moins l’humain) : lorsque je racontais à quelqu’un dont je ne me
souviens vraiment pus – désolée – (même si tu te reconnais, moi j’m’en souviens
pas. J’me souviens juste de l’air dubitatif dans ton visage pis j’le comprends
pas…tu vas me dire tu te souviens de son air dubitatif mais tu te souviens pas
avec qui tu parlais ? Ben oui, qu’essé tu veux qu’j’te dise !!!!!)
que ma plus vieille envisageait la médecine ou l’avocariat (le bon mot me vient pas là…), ben la face de c’te quelqu’un là m’a laissé un peu perplexe.
Genre : ''mouain, elle a de l’ambition pis qu’c’est donc dur pis patati
patata''. Même en rajoutant qu’elle planifie s’investir dans Médécins sans
Frontières, nope, ça passe pas…J’comprends juste pas. Elle peut pas faire
médecin ? Ou avocate ? Elle peut pas devenir ce qu’elle veut ?
Faudrait qu’elle downsize ses ambitions ? Pis en plus, quand j’mentionne
qu’elle veut possiblement les faire en anglais ses études, t’es déjà en train
de calculer le shitload d’études pis
toute pour elle. J’ai-tu manqué quelque chose ? Déjà de savoir où tu veux
aller dans vie, c’est gros. Pis si t’as lu jusqu’ici, c’est que t’as lu avant (logique,
non ?). Tsé, le monde de merde ? Tk.
On tourne en rond là.
Si, dans mon cocon, j’peux réussir à ne former que de beaux papillons qui iront pas se brûler les ailes trop près du soleil, j’vais trouver ça plate. J’vais former des papillons blindés qui pourront ben aller où elles veulent, bordel !
Non, mais...
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