Nombril macabre

Voilà. Ce sera une journée comme cela. 

Une journée où en allant porter ma plus jeune à l’école, j’ai les jambes comme sciées, avec des moignons au bout. Incapable d’avancer, ne veux vraiment pas avancer. Comme une boule dans l’estomac qui me monte à la gorge, qui retient à peine mes larmes. L’envie subite de me retrouver dans un lieu clos, capitonné, pour crier mon incompréhension de moi, du monde, de la vie.

Y’a trop de gens. Partout. Tout le temps. Qui parle, qui m’étourdissent, qui me font réfléchir sur ce que je sais et imagine déjà. J’ai mal à mes états d’âmes. La souffrance est difficilement descriptible puisque je ne sais pas d’où elle vient.

Ce n’est même plus une incompréhension. Cela va chercher dans ma mécanique, dans ma psyché, dans mon chimique. Y’a quelque chose de chimiquement improbable chez moi. Y’a rien qui explique ce que je suis. Pourquoi je le suis.

Y’a rien dans mon passé (des petites choses, mais on dit que ce que l’on est maintenant est un peu le résultat de ce que l’on a vécu avant), qui pourrait expliquer le pourquoi. Pourquoi.

Pourquoi depuis maintenant 1 mois, je n’ai que la même pensée qui me revient, obsessionnelle?
Je n’ai pas le monopole de la folie, encore moins de la remise en question de la vie entière. Reste que je suis obsédée. Par la mort…

Ouais, pas facile. Et surtout, surprenant. Je ne suis pas la première qui se pose la question. Le fait d’essayer de trouver une fucking réponse m’obsède. Étonnamment, c’est la mienne et celle de mes proches. Il va toujours y avoir des humains. Mais je les connais pas tous. M’en fous grossièrement de savoir que mon voisin dans l’autobus va mourir demain. Non, c’est faux, puisque je suis trop empathique. Ma froideur vient de mon trop plein d’empathie. J’ai pas assez d’empathie pour TOUT le monde, que je capote, je viraille à gauche et à droite à essayer de ME contenter à savoir que tous et chacun soient bien que lorsque je m’observe, ben j’ai l’impression que je fais rien, que j’en fais pas assez. La mort est une finalité et la vie est un amalgame d’hasards et de circonstances atténuantes.

Ma mort, dans ma tête est imminente. En fait, c’est une mort ‘’cérébrale’’ que je m’apprête à faire. Pour un bout. L’oxygène qui m’aide à vivre peine à rentrer, donc lorsqu’il doit en plus fournir mon cerveau, j’étouffe. La vie m’étouffe.

Ça me fait chier parce que je connais des personnes qui ont ben plus raison que moi de se sentir ainsi. Et je le sais. Dans mon égoïsme égocentrique (oui, c’est le plus plus…), je me dis que j’ai le droit de me sentir comme cela, malgré tout. Même si je ne me suis pas fait violée, violentée, insultée…euh, wait!

Je sais que cela ne me définit pas.
Ce n’est pas moi.


(opus #6 sur cris(e) d’angoisse)

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