Raph et Audrey
Ce matin, en attendant le bus pour aller travailler, en
train de me tordre de douleurs plus ou moins intenses – relire un de mes
statuts, si le cœur vous en dit. Sinon, ce sont mes douleurs PM – j’ai entraperçu
une feuille de papier lignée, avec dessus, une écriture.
Ou une lettre. Appelle-ça comme tu veux. Seul détail un peu
poche de ma découverte, c’est qu’elle était déchirée, c’te lettre. Ayant déjà
la position, je n’ai qu’étirer le bras et ramasser, à travers les poussières et
détritus tous les papiers qui me semblait provenir de ce qui fut jadis, la
feuille. C’qui m’a frappée, c’est que, comme dans un film, je voyais un bout,
carré pas égal, avec ses déchirures et ses fioritures que laissent ces dernières,
avec en coin, la signature de l’auteur : Raph. Le titre de la lettre :
Audrey.
Et j’ai déplié minutieusement les bouts qui s’étaient
repliés sur eux-mêmes, comme pour se protéger des intempéries. Ou pour
préserver le secret, tout simplement. C’est surtout ça, que j’me disais. Pour
préserver le secret des écrits. Et j’ai mis les bouts de papiers sur le banc
gris et rouge de l’abribus, et je me suis mise à casse-têter la reconstruction
de cette missive. Évidemment, il manquait des bouts. J’emboitais assez bien les
déchirures les unes aux autres, mais visiblement, plusieurs morceaux
manquaient. Mais on devinait la teneur de la lettre. Et ça m’a frappé! Quand,
pour la dernière fois, avais-je vu une lettre manuscrite? Mise à part celles
que j’écris et ça, encore là, trop peu souvent. Avoir le choix, ce statut, je l’écrirais
avec un stylo, même si je cramperais après seulement 4 mots de plus de 6
lettres. En plus d’être une lettre manuscrite, c’était une lettre d’(ex)amours.
Ceux de Raph et d’Audrey. C’était beau. Authentique. Dans ce que j’étais
capable de déchiffrer de ces phrases presque sans fautes, on pouvait lire ‘’…t’es
belle, intelligente et tu pourras aimer un autre mieux que moi’’…ou ‘’jamais je
nous oublierai’’…’’tu veux partir, tu veux revenir, tu ne sais pas ce que tu
veux’’…’’moi aussi j’ai beaucoup pleurer en m’endormant’’…et surtout, …’’ne
répond pas à cette lettre’’. Ce ne sont pas les phrases exactes et je regrette
vraiment de ne pas avoir garder les morceaux. Mais je me disais que si Audrey
avait décider de les déchirer et de ne pas les garder, c’est que surement ces
mot lui faisaient mal. Ou non. Je n’en sais rien. Seulement, leur couple était
déchiré, par terre, dans un abribus pas encore balayé.
Et la connerie là-dedans, je me suis dit (pour la x-ième
fois, dans une journée, une semaine, une vie que je n’ai pas terminer de vivre)
qu’on ne sait rien de personne. Qu’en fait, Audrey aurait pus être la fille qui
fumait à l’extérieur de l’abribus pendant que je ‘’recollais’’ des morceaux de
sa vie, d’un épisode. Pis qu’elle devait se dire ce que je pouvais ben faire de
ces bouts de papiers qui avait fendus son âme en mille morceaux. J’extrapole.
Mais l’imaginaire et la poésie de ces mots incomplets me laissaient dériver
vers une probabilité d’un drame intérieur. Humain, mais intérieur. Où elle
aurait pus s’en contre-calisser, d’où le ‘’je te déchire ça pis j’prends même
pas la peine de les jeter, parce que franchement, Raph, t’es nul.’’ Juste par
une déchirure, j’avais deux avenues. De deux vies qui n’étaient pas la mienne.
Pis j’ai trouvé ça beau. Les bouts de papiers déchirés, le
gris dans le ciel, l’abribus sale…surtout, surtout, la franchise de Raph. Celle
que j’avais déchiffrer.
Pis le supposé silence d’Audrey.
Vivre dans les silences, c’est beau. Souvent.
(Re)-Vivre dans les écrits, c’est mieux.
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