Trahie par ce que je n'ai plus, je recherche ce que j'avais...


Il faut que je réussisse à trouver un moment pour écrire. Il faut que je retrouve la motivation d’écrire. Correction : je dois retrouver ma motivation à écrire. Je ne me demande pas tant que cela.

On dirait que plus je m’enlise au travers les nombreuses excuses, (et dieu sait que j’excelle à me trouver un nombre incalculables d’excuses aussi connes les unes que les autres…). Mais en même temps, le doute m’assaille de plus en plus fort. 35, sensiblement toutes mes dents, une expérience de vie saine et enrichie et somme toute quelque peu intéressante, une imagination débordante. Mais vous savez quoi? L’excuse est évidente, voire éclatante : aucun intérêt.

Qu’aurais-je d’intérêt à vous submerger de mon imagination débridée, sanguinaires, extraterrestre, frivole, aguichante, débilitante, capotante, aseptisée, automatisée, passionnée, et j’en passe. Quel serait l’intérêt? J’ai perdu le vocabulaire au travers de technicalités quelque peu francisées. Je ne suis pas meilleure ni pire qu’une autre. J’ai perdu l’intérêt de vous intéresser. De m’intéresser en fait à essayer de trouver une parcelle de lueur dans votre intérêt.

Perdue l’envie de jouer avec les mots, à essayer de les réinventer. Même lorsque je suis devant un filon infaillible d’histoire pour enfants, d’histoires érotiques/biographiques, de pièces de théâtre et de scénario, d’idées de bandes dessinées, de dialogue sarcastiques et criant de vérité. Perdue l’envie de vendre mon âme au profit de l’art de la communication (ce que je ne suis pas capable de faire de toute façon, ne suis-je pas mademoiselle trois petit point…). (D’ailleurs ce point n’a jamais eu lieu, je resterai et demeurerai ambigüe).

J’aimerais trouver une façon de me prostituer, d’écarter mon cerveau et d’y faire pénétrer toutes les saloperies inimaginables, être forcées à donner quelque chose au profit d’une autre. Je ne parle pas d’argent…quitte à dire écrire pour vivre. Je n’ai plus ce feu. Je ne veux pas m’enliser dans une bouette bourgeoise et confortable. Je ne veux pas que ma vie se résume à laisser la vie vivre. J’ai perdu le goût de vivre…du moins ma vie. Pas celle des autres…

Mais pour ce faire, je dois retrouver les silex magiques qui me permettront d’embraser le foyer. J’avoue que cette quête me fatigue. Nous n’arrêtons pas de me dire que lorsque j’écris, je le fais bien. Ce sont parfois des commentaires subjectifs, parfois objectifs. Je ne sais pas du tout quoi penser en général. J’aimais ce que je faisais quand j’avais 16 ans, je déteste quelque peu ce que je fais maintenant. J’ai perdu de ma verve…

Tout est relié à la futilité. Futilité de vivre, futilité de jouir, futilité de tout…à quoi, sincèrement, sers mes mots….à la prospérité? Évidemment, lorsque je serai défunte. Je veux voir mes mots imprimés, ailleurs que sur mes feuilles. Je veux les voir dans les mains des enfants et atteindre leur imaginaire, je les veux sur les lèvres des amants lorsqu’ils s’enfièvrent, je les veux dans une ribambelle de rimes incessantes lorsque nous les voyons défiler devant nos yeux sur grands écrans, je les veux dessinés d’une façon ou il serait impossible de les imaginer autrement…je veux vivre au travers ce que vous voulez vivre car je ne veux plus vivre au travers ce que je suis…et n’allez pas me dire que j’écris en ce moment..Je ne fais qu’exulter comment je me sens…

Autre chose aussi. Autant que je l’utilise, autant que je le déteste, ce média de facilité. N’importe qui peut maintenant écrire, n’importe qui peut se faire lire. Exit l’exclusivité de nos états d’âmes, il y a au moins une centaine de milliers d’êtres qui ont exactement les mêmes. Ce qui est pis, c’est qu’on le sait. Pas que c’est bien d’être seul dans son marasme, mais au moins, auparavant, on pouvait s’en servir adéquatement.

Pourrais-je être moins claire???

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