Les nowells d’il y a pas si longtemps…


Bon, avant de me mettre en mode action, j’ai eu un petit flash cette nuit après une discussion familiale qui a eu lieu en soirée.

Je me suis mise à repenser à comment on se mettait dans l’ambiance du temps des fêtes, ou plutôt, comment mes parents réussissaient l’exploit d’éveiller ma naïveté enfantine. Et c’était ben correct.

Je déplore qu’aujourd’hui, j’ai l’impression que mes enfants ne le vivent pas comme moi je l’ai vécu. Possiblement ma faute, je dois l’avouer. Étant maman monoparentale de deux merveilleuses petites lucioles, il m’arrive souvent d’avoir l’impression que je bousille facilement l’émerveillement que mes filles pourraient avoir face à cette fête qui est, selon mon regard d’adulte, que commerciale. Je souligne ‘’regard d’adulte’’ puisqu’il est difficile de rêver quand on est au courant…

Petit retour dans le temps.

Je me souviens de l’acharnement maternel à préparer toute la nourriture pour cette fête. L’acharnement était beau, puisqu’il me permettait d’aller par derrière et de licher les cuillères. Je pouvais entendre les chansons de Noël que mon père fredonnait, sorties tout droit du poste de radio installé au-dessus du lavabo de la cuisine. Généralement, sur la bande am. La maison se remplissait de pleins d’odeurs diverses, idéalement sucrées, mais immanquablement salivantes. Évidemment, le sapin avait été fait pratiquement la veille, pas trop tard, ni trop tôt. Ma lettre était envoyée, j’attendais donc fébrilement minuit pour avoir mes cadeaux. Mais pas question à savoir si j’avais été sage ou non, je savais qu’il y’aurait des cadeaux. Une certitude.

Lorsque la soirée avançait, on se préparait à aller à la messe de minuit. Notre église du quartier Ahuntsic était modeste, mais prenait des airs magiques lors de cette veillée. J’aimais (et oui!) les chansons, l’ambiance, cherchait le petit Jésus du coin de l’œil, je savais qu’il arriverait par l’allée centrale, avec son cortège et qui serait déposé dans l’humble petit berceau, sur l’autel à l’avant. Vrai, tout le charabia catholique ne m’intéressait vraiment pas, mais je l’écoutais, parce que je savais qu’à la fin, la chorale s’emballerait…j’adorais les cantiques en église. Je les aime toujours d’ailleurs…

Dans ce temps-là, il y avait de la neige qui tombait. Toujours. Ce qui faisait que lorsque la messe était terminée, on s’en retournait à la maison sous de petits flocons tous mignons, à peine froids. La magie qui s’en ressortait est difficilement explicable et malheureusement inapplicable dans notre société de maintenant. Je savais, dans mon cœur d’enfant, que l’autre, celui dont on ne fêtait pas la naissance mais bel et bien l’abondance, était passé à la maison. Je le savais, et je ne le savais pas. Le doute persistait. J’ai cru longtemps au père Noël, même lorsque consciemment, je savais qu’il n’existait pas.

Mais vous savez quoi? L’illusion était parfaite. En arrivant à la maison, après avoir fébrilement (et rapidement, faut le dire) enlever mes vêtements, je descendais à la cave et ils y étaient! Les cadeaux trônaient sous le sapin! Impossible que ce soit mes parents qui les avait mis là, ils étaient à l’église avec moi! Bon, il y avait la fournaise à l’huile qui me chicotait, parce que je me disais que si il était passé par là, il devait pas être beau à voir, mais je me disais qu’il devait rentrer par la porte, avec son passe-partout. En tout cas, le mystère a persisté longtemps.

Évidemment, je sais maintenant que mon père arrivait un peu après nous à la messe. Ou l’un de mes frères. Mais pour rien au monde, j’aurais voulu percer le secret…la magie opérait. Elle était là. Elle me permettait de rêver, de savoir qu’une personne au monde donnait sans rien demander en retour, de savoir qu’en cette journée, tout le monde s’aimait, tout le monde était bon, tout le monde était naïf…

Et je suis devenue adulte. Et parent. J’ai essayé de faire croire à mes enfants le plus longtemps possible que le Père Noël existait vraiment. J’ai lentement exclu le petit Jésus, je l’ai beaucoup regretté par la suite, puisque sa ‘’cérémonie’’ a longtemps fait parti de mon imaginaire aussi. C’était un tout.

Je ne veux pas prôner le retour au catholicisme et encore moins valoriser l’effet consommation de cette fête. Je le sais, j’ai du négocier, cette année, au détriment de certaines valeurs, pour faire continuer la magie à ma plus jeune. Elle m’en voudra peut-être lorsqu’elle saura vraiment. Qu’importe…

En me rappelant cette photo où Zoë observe les lumières dans le sapin, il y de cela 3 ans, je me dis que finalement, ce qu’il manque au monde d’aujourd’hui, c’est justement un peu de magie…

Je veux aussi remercier mes parents d'avoir su me léguer cette infime partie de merveille que j'essaie tant bien que mal de reproduire, pour faire en sorte que tout ne soit pas totalement perdu.

Joyeuses Fêtes à tous!

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