Flatline
J’ai expérimenté un ‘’flou gaussien’’ dans la vraie vie, ce
matin.
Il pleuvait, donc les lunettes se mouillaient, s’embuaient.
Comme j’avais rien à porter de mains (un mouchoir, un bout de tissu sec, niet),
j’ai décidé de les mettre sur ma tête.
Sooooooooooo? Allez-vous me dire d’un ton ‘’on s’en fout un
tit-peu’’, tout le monde a déjà fait ça!
Right. Rien de neuf. Sauf que cela fait, quoi? 20 ans que je
suis pas sortie dewors sans mes lunettes ou des verres de contacts bien étamper
sur mes iris? Je suis myope, assez pour ne pas voir les trous de yeux des
autres personnes. Je vois aucun détail et quand quelqu’un se dirige vers moi,
si par malheur il me connait, et bien moi, je le reconnaitrai pas. Je vois
rien, calvasse, c’est pas compliqué! (Gna, gna, gna, y’a du monde pire que toi!
J’parle pas du reste de la planète, j’parle
de mon p’tit nombril. Moi. Mon blogue, ma personne. Ma fidging de myopie).
Résolution numéro 175 tenue : répondre en adulte aux autres. J’entame
bien mon année.
Bref. Complètement aveugle! (Oui, le politically correct
prend le bord aussi. Comment ça c’est pas du politically correct mais carrément
une insulte? Says who?).
Seulement, dans cette expérience, j’en ai retrouvé une
certaine zénitude. Le texte ci-dessous n’en fait clairement pas parti, mais je
crois que c’est l’ensemble de son œuvre qui fait que je suis super bien dans ma
tête en ce moment et en même temps, je suis freaking frustrée de la vie
entière. Mode assassin. Comment pourrais-je ressentir aussi intensément 2
émotions totalement contradictoires?
PARCE QUE NOUS SOMMES ENTOURÉS DE CHAOS! Aux dernières
nouvelles, rien ne roulait vraiment rond. Non, mais vraiment rond. Tsé, la
boule parfaite? Dans mon incapacité à ‘’voir’’ le monde, ce matin, ça me
rassurait. Ça me rassurait parce que je ne voyais pas les têtes qu’ils
faisaient. Certes, il devait y en avoir un gang là-dedans qui vivait une mort
de l’âme (et d’autres surement une mort cérébrale; on reste à Montréal quand
même), mais je ne voyais pas la détresse. Je ne voyais pas la joie, je ne
voyais pas le stress, l’angoisse, la colère, la haine, bref, je ne voyais que
des formes humaines. J’ai surement passé à côté un tas de beaux sourires.
Possiblement de beaux moments. (J’extrapole beaucoup, nous étions quand même un
mardi matin pluvieux, ou tout le monde est généralement pressé de se rendre là où
il doit aller).
Ben c’est ça qui était bien. C’était une journée tactile. Voir
le visage des gens ne m’a pas affecté et étonnamment, la bruine sur mon visage
était appréciée. Il ne faisait pas froid, on était relativement bien. Je m’étais
levée de bonne humeur malgré le manque de sommeil, et j’étais fébrile à rentrer
au bureau, car je savais que j’avais un tas de trucs à faire. Quand j’ai remis
mes lunettes, tout est redevenu gris. Clair. Et ma mauvaise humeur s’est
installée. Elle est encore là d’ailleurs. Tsé, quand je frustre après moi-même,
je frustre grave après moi-même. Et je répercute. Toujours.
Surement que le gris de ma journée à jouer sur mon humeur.
En fait, j’en suis plus que certaine. Et j’ai tiré certaines conclusions sur l’attitude
des autres envers moi. Je ne suis tellement pas ce que tu crois connaître de
moi. Et je ne suis d’aucunement responsable de ton jugement. Ton jugement
provient directement de l’image que tu as de toi-même.
Si mon attitude te fait chier, ben enlève tes lunettes
pendant un certain temps, tu verras que tout est quand même mieux. Pendant un
certain temps…
Il faut dire aussi que je suis mon pire ennemi. Vraiment.
La lucidité d’esprit entrave souvent
la perception de la réalité. Ce que l’on voit avec les yeux doit être traduit
par le cerveau, mais surtout par le cœur.
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